Qu se levo de Touloun, se levo de la resoun...
Ce proverbe toulonnais devient d’actualité pour ma petite vie. Pour les estrangers ne comprenant nul mot à la langue de Mistral trouvez-y cette traduction « qui part de Toulon, perd la raison ».
Certes, ce n’est pas mon premier départ, puisque voilà maintenant un an et demi que je vis dans un département aux paysages somptueux et un arrière pays à couper le souffle à bon nombre d’entre nous, les Alpes Maritimes. Pourtant, dans une semaine j’aurais pris le train pour rejoindre la capitale, point de passage obligé pour quiconque veut voyager en Europe et en particulier pour rejoindre l’Espagne. Car c’est bien la péninsule ibérique qui va s’offrir à moi pour les six prochains mois. Attiré depuis tout jeune par cette culture à part, si loin de la nôtre et à la fois si proche, je réalise enfin un de mes rêves. Je vais enfin pouvoir passer de l’autre côté des Pyrénées, ces montagnes qui me paraissaient comme une barrière infranchissable lors de mes nombreuses vacances basco-landaises. C’est l’impression de partir à la découverte d’un nouveau monde qui m’envahit depuis quelques semaines.
L’atterrissage est prévu à 9h20 à l’aéroport de Séville le mardi 3 février. Je ne connais rien de cette terre ni de ses ancêtres mais la légende qu’elle arrive à faire vivre autour de son histoire m’a d’ores et déjà séduit. L’atterrissage sera comme un premier rendez-vous avec une inconnue sur laquelle on ne vous a dit que du bien. Et les six mois suivants seront une soirée passé ensemble, entre l’Andalousie et moi, à vouloir se séduire mutuellement. Elle par fierté, moi par curiosité. Je pressens aujourd’hui que les premiers instants passés ensemble seront d’une rare chaleur, enivré par la folie Sévillane je me laisserais guider dans cette nouvelle culture. Un peu comme quand dans notre vie d’homme, on commence à connaître une autre femme que sa mère, je quitte la ville qui m’a vue grandir mais sans prendre le moindre risque.
Car comme l’amour qu’une mère voue à son enfant, je sais que Toulon m’acceptera à mon retour eu égard à tous les sacrifices qu’elle a déjà fait pour ses enfants chéris. En laissant Toulon derrière moi ce sont des souvenirs que je laisse, et je sais que sur le quai de la gare samedi prochain, ça sera la gorge serrée que j’offrirai à mes yeux le plaisir de voir une dernière fois avant un semestre le Mont Faron, planté fièrement face à la mer, avec ce ciel bleu azur comme allié éternel. Ah qu’il va me manquer ce Toulon que j’aime tant et duquel je prends tant de plaisir à vanter les mérites à mes amis venant des quatre coins de l’hexagone. Mais comme pour ma famille, je sais que rien n’aura changé à mon retour, je sais qu’au moment où je poserai mon pied sur le béton froid de la gare la sonnerie de l’Arsenal se fera toujours entendre une fois par mois, que la place de la liberté sera toujours autant apprécié des badauds et que Cuverville sera toujours dressé avec orgueil sur le carré du port.
Je sais aussi que ce jour, ils seront toujours là, fidèles au poste pour prendre soin de moi et me conseiller. Ils, ce sont ma famille, mes amis, mes connaissances, mes repères… Ils constituent dans ma vie comme une base, inébranlable et infatigable sur laquelle je peux éternellement me reposer, et c’est sans doute à eux que je dois mon si fort attachement à Toulon car avouons le, ce sont les gens qui nous entoure qui font si l’on se sent bien ou non dans un endroit. Alors je garde les deux jours qu’il me reste pour profiter de ce qui m’a construit depuis ma naissance…
Départ prévu de Toulon pour Paris, Samedi matin à 8h20
Arrivée vers midi à la capitale